Emile Dacier relate une visite de fonderie à Aubrives dont le site, qui a été bien transformé, est encore actif aujourd'hui. Bien qu'ayant traversé Vireux-Molhain, le récit n'évoque pas les établissements de la Chiers.
Dans la suite de leurs parcours, les deux voyageurs ne souhaitent pas emprunter le tunnel qui leur éviterait la boucle de Chooz, mais suivent la rivière 'sauvage'. Cette partie du parcours, non aménagée, permet de voir depuis le sous-bois toute une faune avicole, en plus de points de vues sur le réacteur nucléaire de Chooz B.
Retrouvons le texte de Dacier :
"[…] Il était plus d'une heure quand on stoppa devant le passage d'eau d'Aubrives.
Vingt minutes après, installés chez la veuve Antoine, le meilleur hôtel du pays (494 habitants), nous attendions avec impatience le premier service de notre déjeuner. […]
Ayant ainsi réparé nos forces […], il nous vint à l'idée de tentent un grand coup. Notre voyage eût été incomplet, n'est-il pas vrai, si, après avoir passé devant tant d'usines, nous n'avions pas eu la bonne fortune de visiter l'une d'elles, et les fonderies d'Aubrives, qui occupent plus de 500 ouvriers, nous tentaient particulièrement. Grâce à un mot de recommandation, le très aimable Vulcain qui préside aux destinées de ces enfants nous ouvrit toutes grandes les portes de son domaine et nous y fit longuement promener par un de ses « démons » familiers. […] Je vous apprendrai que les plus gros piliers du Métropolitain (ligne n°2) ont été fondus ici ; que chacun d'eux pèse 21 000 kilos, et qu'il est besoin, pour cette opération, d'une « petite marmite » contenant quelque chose comme 35 000 kilos de fonte en fusion !
Il était plus de quatre heures quand l'enfer d'Aubrives nous rendit la liberté : il nous avait été, somme toute, fort accueillant et, chose étrange, c'est quand nous en fûmes sortis que nos tourments commencèrent ! […] La Meuse décrit, entre Aubrives et Givet, un méandre de onze kilomètres, et qu'un canal, en partie souterrain, permet à la navigation d'éviter cet inutile circuit. Ce canal n'a que deux kilomètres de long, mais c'est le chemin de tout le monde, et nous autres, gens aventureux et ennemis des banalités, nous avions résolu de prendre le chemin des écoliers […].Mais ne me demandez pas de vous décrire le paysage, j'en serais fort empêché, et mon compagnon de même : il y avait si peu d'eau en cet endroit, et le fond nous paraissait tapissé de si beaux fragments de roches, que nous étions beaucoup plus préoccupés de sonder ce fond que de regarder alentour. […]
La nuit est presque venue quand nous arrivons au pied de cette impressionnante masse rocheuse que couronne le fort Charlemont plus fantastique encore d'apparaître à demi perdu dans l'ombre ; et quand nous débarquons au port de Givet, l'allumeur de réverbères interrompt sa besogne pour nous indiquer le chemin de l'hôtel du Mont-d'Or. "