La vallée de la Meuse, pause à Givet, ville frontière

Givet s'est développée au pied d'un éperon rocheux qui domine la Meuse. Givet est aussi une ville frontière avec la Belgique. Point stratégique pour la circulation des marchandises, et le contrôle des frontières Givet devint, avec la construction du fort de Charlemont et du Mont d'Haurs, un carrefour à la fois militaire et économique.
Retrouvons, avant le passage de la frontière, Emile Dacier :

"C'est une jolie ville que Givet, propre, gracieuse, hospitalière, située sur les deux rives de la Meuse qui la divise en Grand et Petit Givet, au pied d'une haute et belle muraille de rochers, dont les lignes géométriques du fort de Charlemont gâtent un peu le sommet. L'auberge qu'on appelle l'hôtel du Mont d'Or y est fort bonne, quoiqu'elle soit unique, et qu'elle puisse, par conséquent, loger les passants n'importe comment et leur faire manger n'importe quoi !
Depuis 1838, encore que la ville se soit transformée, les épithètes de Victor Hugo n'ont point vieilli, et l'on peut toujours s'en servir, - à cette réserve près, toutefois, que l'ancienne et unique auberge de Givet est devenue un hôtel véritable tout à fait accueillant, et dirigé par un hôtelier complaisant et « débrouillard » au possible.
Comme nous lui avions fait part de nos inquiétudes au sujet du passage à la douane du panier qui nous suivait par chemin de fer, et qui contenait, outre notre linge de rechange, quinze douzaines de plaques photographiques, il nous donna le moyen suivant, simple et facile, de résoudre le problème ; à la gare de Givet, train pour Heer-Agimont où se trouve la douane, soit un quart d'heure de trajet : là, vérification de notre colis faite sans douleur, sous nos yeux, par des douaniers d'une obligeance invraisemblable ; expédition dudit colis à Namur, et retour à Givet par le train suivant.

  • En amont de Givet, la pointe de Charlemont En amont de Givet, la pointe de Charlemont
  • Givet, la porte de France depuis la route Givet, la porte de France depuis la route
  • Givet, en contrebas de la porte de France Givet, en contrebas de la porte de France
  • Cntre ancien du grand Givet Cntre ancien du grand Givet
  • Givet, les quais Givet, les quais
  • Givet, la tour Victoire et le fort de Charlemont en arrière plan Givet, la tour Victoire et le fort de Charlemont en arrière plan
  • Givet, les quais de nuit Givet, les quais de nuit
  • Givet, la corne de Charlemont et la Tour Victoire Givet, la corne de Charlemont et la Tour Victoire
  • La tour Grégoire, au pied du Mont d'Haurs La tour Grégoire, au pied du Mont d'Haurs
  • Givet, place Méhul, la statue de...Méhul Givet, place Méhul, la statue de...Méhul
  • Givet, l'église Saint-Hilaire Givet, l'église Saint-Hilaire


Cette petite promenade, outre qu'elle nous tranquillisa sur le sort de nos plaques, nous valu un moment de douce gaieté, et nous nous rappellerons longtemps cette bonne grosse femme, dans la manière d'Abel Faivre, qui portait des prunes à sa nièce, en Belgique, et à qui l'on réclamait 96 centimes de droits de douane. Rouge de fureur, elle se répandait en protestations véhémentes et prenait l'univers entier à témoin de ses infortunes, expliquant – avec des « c'est y Dieu possible » à fendre l'âme- qu'elle avait déjà dû payer 96 centimes à l'octroi de Givet, et que les prunes de sa nièce commençaient à lui revenir joliment cher :
- à ce compte-là, gémissait-elle, j'aurais mieux fait de les acheter dans son pays...
- Mais non ! lui répondit un vieux douanier paterne, qui riait aux larmes. Elles n'en auront que plus de valeur, savez vous !

 

Rentrés à Givet que nous voulions visiter avant le déjeuner, il nous fallut d'abord escalader les 215 mètres de rampe conduisant au fort Charlemont : c'est la meilleure manière d'avoir une vue d'ensemble sur la ville, ou plutôt sur les deux villes : à droite, Givet Notre-Dame, ou Petit Givet dominé par les escarpements des Monts d'Haurs et leurs vestiges de fortifications, et séparé du Grand Givet, ou Givet Saint-Hilaire, par le large bassin de la Meuse, que sillonnent constamment des chalands en monômes. Ici, c'est la ville militaire -  « la ville officielle », comme disent les guides – autrefois serrée dans sa ceinture de remparts, au pied de la vieille citadelle de Charles-Quint, et plus libre maintenant que la place est déclassée ; là, c'est la ville industrielle, très active et très entreprenante : crayons, colle forte, cuivre, pipes, cuirs, pierres, caoutchouc, dorure, soie artificielle, etc...

Peu de monuments, une statue de Méhul, par Croizy, isolée sur une place nue ; une église, dont Victor Hugo a décrit avec ironie le clocher aux contours fantaisistes ; et c'est tout. Un coup d'oeil sur le port -pour « des navigateurs », cela s'impose- et nous regagnons l'hôtel où nous attend un succulent déjeuner. […] A quatre heure, écluse des Quatre-Cheminées. "