La vallée de la Meuse, au départ de Charleville-Mézières jusquà Nouzonville

 

C'est à Charleville qu'Emile Dacier débute son voyage. Dans l'ouvrage, on peut voir les agents des services ferroviaires descendre le canöé d'un wagon.  Leur premier arrêt s'effectue à Nouzonville, en pleines festivités locales avec pas moins de cinq bals.
On peut lire dans un texte de 1904 ce qu'écrit Emile Dacier, le long d'un périple sur la Meuse qui l'emmène à Liège :

"Pendant l'éclusée, juste le temps de jeter quelques notes sur le carnet aux impressions.

Charleville-Mézières, cité double [les deux villes n'étaient pas fusionnées en ce début de Xxe siècle]. Radica-Doodica dont le cours d'Orléans est la membrane, mais où, contrairement à ce qui se passait pour les deux petites sœurs de chez Barnum, les organes de la vie administrative sont partagés. Mézières plus tranquille -c'est bien son tour après tant de sièges héroïques- montre aux visiteurs une statue de Bayard, une vieille église mutilée par les bombardements [de 1870], une citadelle aujourd'hui déclassée et transformée en caserne, et quelques hôtels du XVIIIe siècle. Charleville, cité coquette et animée, possède, a dit Victor Hugo, « la propre sœur de notre place des Vosges », la place Ducale, dont les pavillons de briques et pierres, les hauts pignons couverts d'ardoises et les arcades surbaissées ont été, depuis notre passage, endommagées par un incendie ; là s'élève, au-dessus d'une fontaine monumentale, la statue du fondateur de la ville, le duc Charles de Gonzague [statue érigée en 1899 à l'emplacement de la fontaine ducale. Les travaux de restauration de la place s'accompagnent, en 1999, de la réinstallation de cette fontaine Ducale. La statue de Gonzague est déplacée sur une autre partie de la ville]; ajoutons-y une église moderne, un vieux moulin de 1622 et, en face, sur l'autre rive de la Meuse, le mont Olympe et son belvédère, d'où l'on découvre un vaste panorama, -et nous en aurons fini avec les principales attractions carolopolitaines (sic!).

 

  • Charleville-Méières, Charles de Gonzague, fondateur de Charleville Charleville-Méières, Charles de Gonzague, fondateur de Charleville
  • Charleville-Mézières, statue de Charles de Gonzague, le piédestal Charleville-Mézières, statue de Charles de Gonzague, le piédestal
  • Charleville-Mézières, détail de la statue de Charles de Gonzague Charleville-Mézières, détail de la statue de Charles de Gonzague
  • harleville-Mézières, détail de la statue de Charles de Gonzague harleville-Mézières, détail de la statue de Charles de Gonzague
  • Charleville, la place Ducale Charleville, la place Ducale
  • Manège sur la place Ducale Manège sur la place Ducale
  • Charleville, manège sur la place Ducale Charleville, manège sur la place Ducale
  • Charleville-Mézières, la place Ducale et sa fontaine Charleville-Mézières, la place Ducale et sa fontaine
  • Charleville-Mézières, la place Ducale, sa fontaine et le monsieur qui passe Charleville-Mézières, la place Ducale, sa fontaine et le monsieur qui passe
  • Charleville-Mézières, façade d'un pavillon sur la place Ducale Charleville-Mézières, façade d'un pavillon sur la place Ducale
  • harleville-Mézières, détail de façade, place Ducale harleville-Mézières, détail de façade, place Ducale
  • Charleville, la rue du moulin et le musée Rimbaud depuis la place Ducale Charleville, la rue du moulin et le musée Rimbaud depuis la place Ducale
  • Charleville, le musée Rimbaud, gros plan sur la façade Charleville, le musée Rimbaud, gros plan sur la façade
  • La passerelle du Mont Olympe La passerelle du Mont Olympe
  • La passerelle du Mont Olympe La passerelle du Mont Olympe

Aussi bien, les lourdes portes de l'écluse s'écartent lentement, comme un rideau de théâtre. Changement de décor ! Sur la gauche, Montcy-Notre-Dame étagé en amphithéâtre, avec ses maisonnettes aux toits plats et le lourd campanile de son église ; sur la droite, et aussi loin que la vue peut porter, une symphonie en vert qui mettrait de la gaieté au cœur du plus morose, du soleil couchant sur le tout ; et, ça et là, des figurants silencieux, pêcheurs à la ligne, mariniers, familles en promenade, qui en animent le paysage sans en troubler la paix profonde. L'heure est douce, et il y paraît à l'allure : attaque molle, dégagé lent, renvoi des mains sans convictions. [...]
Et nous n'avons pas fini d'admirer la sagesse de ces paroles et leur vérité que, Nouzon [Nouzonville], déjà enveloppé par les brumes du soir, montrait au loin les cheminées de ses usines.
A peine avions-nous stoppé le long du quai, sur la rive droite, qu'une bande de gamins accourut vers nous en criant ; avant que nous eussions pris le temps de débarquer, ils étaient vingt ; quand le bateau fut sorti de l'eau, on en comptait cinquante ; mais quand, le chariot aidant, on nous vit mettre le cap sur l'hôtel de la Poste, il en sortit une foule de tous côtés![...]
Pourtant, si sensationnelle qu'elle fût, notre arrivée n'avait pas interrompu la jeunesse dorée du pays dans ses ébats chorégraphiques : cinq bals sévissaient dans Nouzon, à grand renfort de pistons et de clarinettes ! L'heure du repas marqua une trève, -hélas de courte durée-et quand, après avoir fait honneur à une cuisine appétissante, servie sur une nappe qui ne l'était guère, il nous parut raisonnable d'aller nous coucher, les éclats des cuivres, les piétinements cadencés des valseurs et les chansons des avinés nous forcèrent, bien malgré nous, à prendre notre part des divertissements dominicaux de la petite ville, jusqu'à une heure avancée de la nuit.

"